France 3 et france.tv proposeront, ce lundi 5 janvier à 00h00 (Horaire Métropole, ndlr), le documentaire « La Terre en héritage » dans la case « outremer.ledoc », signé de la réalisatrice guadeloupéenne Guy Gabon. À travers 52 minutes d’images, de témoignages et de paysages saisissants, le film dresse le portrait intime et politique de Siméon René, paysan visionnaire des Grands Fonds, figure syndicale et militant du Parti communiste guadeloupéen, décédé en 2010. Il retrace également l’histoire d’une transmission familiale aujourd’hui fragilisée mais portée par l’espoir renaissant d’une toute nouvelle génération.
Un paysan, un militant, un penseur de la terre
Né en 1921 au cœur des vallées verdoyantes des Grands Fonds, sur l’île de Grande-Terre, Siméon René incarne le combat en faveur d’une agriculture paysanne, familiale et rurale. Toute son existence fut guidée par la conviction que « nourrir le corps et nourrir l’esprit » nécessitent un profond respect de la terre. S’il a grandi entre les champs et l’école, sa trajectoire l’a mené bien au-delà des frontières de la Guadeloupe : instituteur, cadre du Parti communiste guadeloupéen dès 1964, étudiant en sciences sociales à Moscou, puis fondateur d’une classe alternative destinée aux enfants et aux paysans en difficulté avec les codes de l’enseignement traditionnel.
Ses terres de Guiampo, où il vécut avec son épouse Georges et leurs douze enfants, sont aujourd’hui marquées par une stèle surmontée d’un buste en bronze. Une plaque simple y résume l’héritage d’une vie : « Siméon RENÉ 1921-2010 – L’homme qui parlait à la terre de Guiampo ».
Une mémoire qui s’efface, un espoir qui renaît
Le documentaire de Guy Gabon s’interroge : que reste-t-il de l’idéal de Siméon René dans un contexte où l’agriculture traditionnelle peine à survivre, fragilisée par les crises sanitaires, le modèle mondialisé d’approvisionnement alimentaire et l’érosion des vocations rurales ?
Parmi les douze enfants du couple, seuls Tony et Suzy perpétuent encore une activité agricole traditionnelle. Les autres, bien que liés émotionnellement à Guiampo, ont choisi des métiers éloignés des champs.
Mais au sein de la famille, le film révèle l’émergence d’un souffle nouveau : Thalia, 17 ans, petite-fille de Siméon. Pour elle, le rêve de son grand-père n’est pas un souvenir mais un projet d’avenir. Elle envisage de devenir éleveuse et vétérinaire rurale, et de poursuivre sur cette terre son chemin de femme, mêlant héritage agricole et conscience écologique. Son engagement reflète une évolution sociétale profonde : l’affirmation des femmes dans un secteur agricole encore largement masculin.
Une terre symbole d’identité et d’avenir
Les Grands Fonds, véritable potager naturel de l’« île papillon », constituent un patrimoine écologique unique au monde. Le film magnifie ces paysages, entre vallons mystiques et faune abondante. Mais au-delà des images, il porte un message : préserver la terre, c’est préserver une identité, une autonomie, une souveraineté alimentaire. Une vision que Siméon René défendait déjà, bien avant que les crises récentes ne soulignent la vulnérabilité des modèles d’importation.
Une œuvre saluée et engagée
« La Terre en héritage » s’est illustré lors du festival Monde en vues en 2022 en remportant le Prix Hors les murs. La réalisation, confiée à Guy Gabon, et la production assurée par Real Productions et Wips Production, signent un documentaire qui conjugue mémoire, transmission, politique, écologie et poésie.














