La huitième édition du Loto du Patrimoine, porté par Stéphane Bern et la Fondation du patrimoine, a dévoilé ce lundi 1er septembre 2025 les six sites départementaux en Outremer qui bénéficieront d’un soutien financier pour leur restauration. Ces monuments, emblématiques mais fragilisés par le temps et les aléas climatiques, rejoignent les 102 projets retenus cette année en France métropolitaine et dans les collectivités d’Outre-mer.
Des trésors locaux menacés mais porteurs d’histoire
En Guadeloupe, c’est l’Habitation Descamps de Baie-Mahault, ancienne maison de maître construite en 1830, qui a été retenue. Transformée dans les années 1980 en un haut lieu culturel et musical grâce à la chanteuse Simone Paulin, elle a accueilli de grands noms du jazz comme Stanley Clarck et Herbie Hancock. Aujourd’hui fissurée et fragilisée, la bâtisse doit être restaurée pour redevenir un centre culturel ouvert au public.
En Guyane, le choix s’est porté sur les carbets traditionnels du centre Kalawachi à Kourou, haut lieu de diffusion de la culture amérindienne. Dégradés par l’humidité et les nuisibles, ces carbets en matériaux naturels nécessitent une restauration afin de reprendre leur rôle d’écomusée et de lieu d’hébergement en hamac, valorisant les savoir-faire ancestraux.
À La Réunion, le Lazaret n°2 de la Grande Chaloupe, édifié en 1863 pour accueillir les engagés en quarantaine, est en grand péril après le passage du cyclone Garance en février dernier. Déjà fragilisé, il requiert des travaux urgents pour être sécurisé et intégré à un projet de valorisation touristique par des sentiers de randonnée et panneaux explicatifs.
En Martinique, la Maison du Bagnard du Diamant, œuvre pittoresque de l’artiste autodidacte Médard Aribot, fait partie des lauréats. Gravement endommagée par les termites et l’ouragan Beryl en 2024, elle doit être restaurée pour redevenir accessible aux visiteurs et raconter l’histoire de son créateur, marqué par la déportation au bagne de Cayenne.
À Mayotte, l’ancienne léproserie de l’îlot M’Bouzi, vestige de la présence de communautés de lépreux jusqu’en 1955, attend une nouvelle vie. Abandonnée et privée de toiture, elle pourrait devenir une « Maison de la Réserve », accueillant expositions et randonneurs au cœur de la réserve naturelle nationale.
Enfin, à Saint-Pierre-et-Miquelon, c’est la chapelle Sainte-Thérèse de Langlade qui a été sélectionnée. Construite en bois à la fin du XIXe siècle, elle subit de plein fouet le rude climat local et les embruns. Sa restauration doit permettre de prolonger sa vocation spirituelle et culturelle, puisqu’elle accueille messes estivales et concerts dans le cadre de festivals.
Une mobilisation nationale autour du patrimoine
Depuis 2018, le Loto du Patrimoine a permis de sauver ou de restaurer plus de 1 000 sites en France, dont 75 % sont déjà terminés ou en cours de travaux. Plus de 325 millions d’euros ont été mobilisés, issus à la fois du Loto, de crédits de l’État et de dons privés.
Pour 2025, la FDJ UNITED propose un ticket à gratter à 15€ et organise huit tirages Loto « Mission Patrimoine » du 8 au 22 septembre, dont un Super Loto doté de 13 millions d’euros minimum le 19 septembre, veille des Journées européennes du patrimoine.
Un appel pour 2026 déjà lancé
Les propriétaires, associations et collectivités souhaitant proposer un site en péril peuvent dès à présent déposer leur dossier sur le site missionbern.fr. Les candidatures pour l’édition 2026 devront être déposées avant le 16 novembre 2025 pour les sites emblématiques, et avant le 28 février 2026 pour les sites départementaux.
En mettant en lumière ces trésors ultramarins, le Loto du Patrimoine continue de renforcer le lien entre mémoire locale et solidarité nationale, permettant à des lieux oubliés ou menacés de retrouver un avenir.
