Dans un communiqué particulièrement virulent, la CFDT-Journalistes alerte sur la dérive idéologique de l’École supérieure de journalisme de Paris (ESJ-Paris), qu’elle accuse de devenir un instrument de « normalisation de l’extrême droite ».
Près d’un an après son rachat par un consortium d’investisseurs « très conservateurs » — parmi lesquels seraient représentés des groupes liés à Vincent Bolloré, Bernard Arnault, les Dassault ou encore Devoteam —, l’ESJ-Paris aurait, selon le syndicat, opéré un virage idéologique marqué.
Un nouveau départ sous influence
Le 22 septembre dernier, l’école a inauguré ses nouveaux locaux dans le 15e arrondissement de Paris, sous la présidence de Vianney d’Alençon, entrepreneur proche des milieux catholiques traditionalistes. Ce dernier a affiché sa volonté de former des journalistes « non wokes » et « pro-entreprises », affirmant vouloir se démarquer de tout « cadre idéologique ».
Mais pour la CFDT-Journalistes, ce discours masque une orientation bien plus claire : « former des générations de journalistes destinés à intégrer des médias conservateurs », écrivent les auteurs du communiqué. Le syndicat évoque une stratégie globale visant à « reprendre en main les esprits et l’espace intellectuel », citant les figures de Vincent Bolloré ou Pierre-Édouard Stérin comme symboles de cette influence.
Des dirigeants aux parcours marqués à droite
Le communiqué détaille les profils des nouveaux responsables de l’école : Alexandre Pesey, ancien dirigeant du syndicat étudiant d’extrême droite UNI et fondateur de l’Institut de Formation Politique, ainsi qu’Édouard du Peloux, créateur de l’Institut Libre de Journalisme (ILDJ), structure assumant former des journalistes pour des médias comme CNews, Le Figaro ou Valeurs actuelles.
Parmi les personnalités associées à la nouvelle ESJ-Paris figurent également Bernard de La Villardière, Sonia Mabrouk ou encore Laetitia Strauch-Bonart, membres du comité pédagogique. Des figures médiatiques connues pour leurs positions conservatrices et leur proximité avec certains cercles de droite dure.
Un appel au boycott
La CFDT-Journalistes, tout en affirmant ne pas vouloir « stigmatiser » ou « lancer une chasse aux sorcières », invite clairement les professionnels à refuser toute collaboration avec l’école : « Collaborer à l’ESJ-Paris, c’est contribuer à normaliser son projet délétère », affirme le communiqué.
Le syndicat conclut en rappelant qu’il avait déjà, en novembre 2024, mis en garde contre la transformation de l’école en « Bolloré School of Journalism ».














