Un film inédit au cœur du Fenua ‘aihere
La mer est calme ce matin sur la presqu’île de Tahiti. Un souffle de mara’amu, le vent du sud-est, vient à peine rider la surface du lagon. Ici, au Fenua ‘aihere – sanctuaire de biodiversité accessible uniquement par bateau –, la vie s’organise autrement : même l’école se rejoint par navette maritime.
Augustin, ancien pêcheur reconverti en capitaine de cette navette, connaît chaque recoin du lagon. Son quotidien croise parfois celui de Peva Levy, ancien chercheur de l’Ifremer, installé depuis des décennies non loin de la mythique vague de Teahupoo. Tous deux témoignent d’un temps où les lagons abondaient de poissons et de coquillages, avant que congélateurs, exode rural et bouleversements industriels ne viennent fragiliser un équilibre ancestral.
Le retour du rahui, une tradition protectrice
Face à l’érosion dramatique des ressources marines, les autorités polynésiennes réactivent une pratique ancienne : le rahui.
Ce terme désigne un espace interdit, un temps de repos imposé à la nature. Autrefois profondément ancré dans la culture polynésienne, le rahui revient aujourd’hui à Tahiti, Moorea ou encore Fakarava. Il permet de régénérer la biodiversité, en limitant la pêche et la récolte dans des zones définies.
Tikehau : la vie entre héritage et menaces
À 48 heures de Tahiti, sur l’atoll isolé de Tikehau, Benoît perpétue la tradition familiale : un parc à poissons transmis par son père. Mais les temps ont changé : la raréfaction des poissons se conjugue à une menace invisible, la ciguatera, surnommée « la gratte ». Cette toxine, transmise par certains poissons, empoisonne les pêcheurs et fragilise un mode de vie déjà précaire.
Son voisin Matehau, pêcheur de mahi mahi, observe quant à lui les effets inquiétants des DCP (dispositifs de concentration de poissons). Ces radeaux dérivants, souvent lâchés illégalement par des flottilles étrangères, captent les bancs de poissons et vident les lagons, en violation des restrictions locales et du rahui.
Un cri d’alerte et d’espérance
À travers 52 minutes d’images inédites, « Polynésie, les sages de l’océan » dresse le portrait d’hommes et de femmes engagés, qui, entre mémoire et avenir, réinventent la relation entre l’humain et la mer.
Le film interroge notre rapport à la modernité, aux traditions, et surtout à la survie d’un patrimoine naturel et culturel unique au monde. En redonnant vie au rahui, la Polynésie tente de réapprendre à écouter ses « sages de l’océan », garants d’un équilibre fragile et vital.














