Le monde de la télévision française perd l’une de ses figures les plus singulières. Le producteur et animateur Thierry Ardisson est décédé ce lundi 14 juillet à l’âge de 76 ans des suites d’un cancer du foie, a annoncé son attachée de presse à BFMTV. L’information a également été confirmée par son épouse, la journaliste Audrey Crespo-Mara, à l’AFP.
« Thierry est parti comme il a vécu. En homme courageux et libre. Avec ses enfants et les miens, nous étions unis autour de lui. Jusqu’à son dernier souffle », a déclaré Audrey Crespo-Mara dans un message empreint d’émotion.
Une voix unique, un style inimitable
Né le 6 janvier 1949 à Bourganeuf, dans la Creuse, Thierry Ardisson a marqué plusieurs générations de téléspectateurs par son ton provocateur, son élégance en noir et son sens aigu de la mise en scène. Maître de l’interview choc, il a imposé un style singulier dans le paysage audiovisuel, alliant ironie mordante, culture pop et références littéraires.
Il débute sa carrière dans la publicité dans les années 1970 avant de se tourner vers la télévision au début des années 1980. Rapidement, il s’impose comme une personnalité à part, d’abord en tant que chroniqueur, puis animateur et producteur.
Des émissions devenues cultes
Son premier grand succès, Lunettes noires pour nuits blanches, diffusé sur Antenne 2 à la fin des années 1980, donnait déjà le ton : un habillage graphique fort, une ambiance nocturne, et surtout des invités de tous horizons, souvent surpris par les questions franches et parfois dérangeantes du maître de cérémonie.
Il enchaînera ensuite les formats à succès, parmi lesquels Paris Dernière, Rive droite / Rive gauche, Tout le monde en parle (1998–2006), et Salut les Terriens! (2006–2019). Ces émissions ont accueilli des milliers d’invités : politiques, artistes, intellectuels, anonymes, tous soumis à la même règle du "face-à-face" franc, souvent sans filet.
Une carrière de producteur prolifique
Au-delà de l’animation, Thierry Ardisson a également marqué le petit écran en tant que producteur avec sa société Ardimages. Il a contribué à renouveler les formats d'interview et de talk-show en France, mais aussi à produire des documentaires, des portraits, des magazines culturels et plus récemment des projets de fiction.
Jusqu'à ces dernières années, il continuait d'innover, notamment avec Hôtel du Temps, un programme original dans lequel il interviewait des figures historiques reconstituées en deepfake, mêlant journalisme et technologie.
Une figure controversée mais respectée
Provocateur assumé, Thierry Ardisson n’a jamais craint les polémiques. Certaines de ses sorties ou choix éditoriaux ont pu faire débat, mais jamais il ne s’est départi de son indépendance de ton. Cette liberté, revendiquée tout au long de sa carrière, lui a permis de durer dans un milieu où les modes changent vite.
Avec la disparition de Thierry Ardisson, c’est une certaine idée de la télévision qui s’éteint : celle d’un média à la fois audacieux, intellectuel, irrévérencieux et populaire. Un artisan de la parole, qui savait donner de la place au silence et faire parler ceux qui, parfois, n’en avaient jamais eu l’occasion.














