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Quand les ccTLDs se réinventent : du .FR au .AI, voyage au cœur des détournements de domaines nationaux


Publié le Mercredi 27 Août 2025 à 07:48

              



L’Afnic (Association française pour le nommage Internet en coopération), gestionnaire du .fr et de plusieurs autres extensions ultramarines et génériques, revient aujourd’hui sur l’histoire fascinante des ccTLDs (country code Top-Level Domains). Conçus initialement pour refléter l’identité numérique d’un territoire national, ces domaines ont parfois dépassé leurs frontières pour devenir de véritables marques mondiales. Entre success stories, détournements ratés et cas insolites, retour sur ces extensions qui témoignent de la créativité – et parfois du hasard – dans l’écosystème du web.


Les rockstars inattendues du numérique


Certaines extensions, autrefois confidentielles, se sont métamorphosées en vedettes mondiales grâce à des détournements ingénieux ou des coïncidences heureuses.
 

  • .AI – Anguilla ou Intelligence Artificielle ?
    Délégué dès 1995 au petit territoire britannique d’Anguilla (moins de 20 000 habitants), le .AI a connu une ascension fulgurante avec l’essor de l’intelligence artificielle. De 5 000 noms enregistrés en 2015, il en compte aujourd’hui plus de 850 000, devenant un symbole incontournable de l’écosystème technologique.

  • .IO – Les Territoires britanniques de l'Océan Indien ou Input/Output ?
    Initialement attribué aux Territoires britanniques de l’océan Indien, quasi inhabités, le .IO a conquis les startups de la tech dès les années 2010. Sa proximité avec le vocabulaire informatique (Input/Output) en a fait un chouchou du secteur : plus de 1,1 million de noms sont enregistrés en 2025. Seule incertitude : le passage de souveraineté des îles vers l’île Maurice, qui possède déjà le .MU, même si les revenus générés rendent peu probable une disparition du .IO.


Les anciens hits qui résistent


Bien avant l’explosion des .AI et .IO, d’autres extensions avaient déjà trouvé un second souffle hors de leur vocation géographique.
 

  • .TV – Tuvalu et la télévision
    Délégué à Tuvalu, État insulaire du Pacifique, le .TV a très vite séduit les acteurs de l’audiovisuel. France Télévisions utilise aujourd’hui encore le domaine france.tv. Après avoir franchi le cap des 500 000 enregistrements à son apogée, l’extension connaît un déclin relatif, l’acronyme « TV » résonnant moins à l’ère des plateformes globales comme YouTube ou Netflix.

  • .NU – Niue et la touche suédoise
    En suédois, « nu » signifie « maintenant ». De quoi transformer l’extension de la petite île de Niue (Pacifique Sud) en tendance web scandinave. Géré aujourd’hui par le registre suédois IIS.SE, le .NU a culminé à 500 000 noms en 2017. Même en recul, il continue de concurrencer le .SE, preuve que l’attrait réside autant dans la langue que dans la géographie.


Les détournements ratés


Toutes les tentatives de réinvention ne connaissent pas la gloire. Certaines extensions, malgré un potentiel marketing, n’ont pas trouvé preneur
 

  • .MD – Moldavie et médecine
    Jouant sur l’acronyme « MD » (Medical Doctor), des initiatives ont tenté de positionner l’extension comme référence pour le monde médical. Avec seulement 30 000 noms en 2023, l’idée n’a jamais décollé.

  • .SR – Surinam et seniors
    Commercialisé un temps comme extension de la « silver economy », le .SR (attribué en 1991 au Surinam) n’a pas séduit : à peine 4 500 noms enregistrés, loin des ambitions initiales.


L’OVNI : l’extension d’un pays disparu


Le cas du .SU (Union soviétique) est unique. Délégué en septembre 1990, il a survécu à la chute de l’URSS, contrairement à d’autres extensions comme le .YU (Yougoslavie).

Malgré plusieurs tentatives de suppression par l’ICANN, la communauté russe s’est mobilisée pour conserver ce vestige numérique. Aujourd’hui encore, le .SU subsiste avec environ 100 000 noms, véritable fossile du web.


Et le .FR dans tout ça ?


Symbole fort de l’identité numérique française, le .FR reste profondément lié à son territoire. Peu probable qu’il suive la voie des détournements ludiques ou commerciaux. Mais l’histoire des ccTLDs montre qu’Internet a souvent surpris ses acteurs : un glissement inattendu de sens n’est jamais totalement à exclure.



Ludovic Belzamine
Rédacteur en chef de Megazap.fr depuis 15 ans. En savoir plus sur cet auteur

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