La Chambre régionale des comptes de Mayotte a récemment examiné les comptes et la gestion de la caisse des écoles (CDE) de la commune de Tsingoni, pour les exercices allant de 2019 à aujourd'hui. Ce contrôle s’inscrit dans le cadre d’une enquête plus large portant sur l’exercice de la compétence scolaire par les communes de Mayotte, dont le rapport public thématique est attendu en avril prochain.
Créée en 2017, la CDE de Tsingoni a progressivement hérité de plusieurs compétences transférées par la commune, bien que ces transferts demeurent inaboutis, entraînant une confusion persistante entre les attributions de la caisse des écoles et celles de la collectivité. Elle est principalement chargée de l’inscription des élèves, de la restauration scolaire et de la prise en charge du périscolaire, mais n’exerce pas d’action sociale spécifique.
La commune de Tsingoni accueille, à la rentrée 2023, un total de 3 034 élèves répartis dans huit établissements scolaires situés dans les villages de Tsingoni, Combani, Miréréni et Mroalé. Cependant, la structuration administrative de la CDE demeure inachevée, fragilisant juridiquement les décisions prises en son nom.
La caisse des écoles emploie environ 70 agents en 2023, principalement des vacataires avec une faible quotité horaire et souvent sans les qualifications requises. Ce recours massif au personnel précaire s’accompagne d’un suivi comptable et budgétaire insuffisant, alors même que les charges de personnel ont fortement augmenté entre 2019 et 2023.
En matière d’éducation, la commune fait face à une augmentation importante du nombre d’élèves, nécessitant la mise en place de rotations et de classes itinérantes. Toutefois, les critères d’inscription imposés par la CDE sont plus restrictifs que ceux prévus par la réglementation, ce qui limite l’accès à l’éducation pour certains enfants du territoire.
Près de 95 % des élèves bénéficient des services de restauration scolaire fournis par la caisse. Parmi eux, un tiers reçoit un repas chaud dans l’un des quatre établissements proposant ce service, tandis que les deux tiers restants doivent se contenter d’une simple collation. Le périscolaire, en revanche, reste peu développé, se limitant essentiellement à une surveillance pendant la pause méridienne sans activité pédagogique ou de loisirs spécifique.
Consciente des lacunes relevées, la caisse des écoles a entrepris plusieurs initiatives pour améliorer la qualité du service rendu aux familles. Parmi ces efforts, on note la titularisation d’un agent responsable de la restauration scolaire ainsi que la désignation d’un référent périscolaire. De plus, la CDE s’est engagée à appliquer l’ensemble des recommandations formulées par la Chambre régionale des comptes dans un délai de quatre mois suivant la notification du rapport d’observations définitives.
L’enquête thématique, menée juste avant le cyclone Chido, devrait fournir une analyse approfondie des défis éducatifs auxquels est confronté le territoire. Elle abordera des sujets essentiels tels que la forte croissance de la population scolaire, la situation de la restauration scolaire, le périscolaire ainsi que les besoins en infrastructures et en financement pour répondre aux enjeux identifiés.
La publication prochaine de ce rapport permettra sans doute d’apporter un éclairage précieux sur les moyens nécessaires pour améliorer l’organisation et le fonctionnement de la caisse des écoles de Tsingoni, tout en offrant une meilleure réponse aux besoins des élèves et de leurs familles.
