Depuis ce mardi 3 juin 2025, les abonnés français à Spotify Premium ont vu leurs factures grimper. En cause, une nouvelle taxe imposée aux plateformes de streaming musical par le gouvernement français pour financer le Centre National de la Musique (CNM). Spotify dénonce une décision injuste et préjudiciable à l’ensemble de l’écosystème musical.
À compter du 3 juin, tous les abonnements Premium de Spotify en France subissent une augmentation de prix. Une hausse de plus de 9% en moyenne qui fait désormais du forfait français le plus cher de l’Union européenne :
- Premium Individuel : 12,14 €/mois (contre 11,12 € auparavant)
- Premium Étudiant : 7,07 €/mois (contre 6,06 €)
- Premium Duo : 17,20 €/mois (contre 15,17 €)
- Premium Famille : 21,24 €/mois (contre 18,21 €)
Spotify justifie cette décision par l’entrée en vigueur d’une taxe nouvelle sur les services de streaming, destinée à financer le CNM, un organisme public chargé de soutenir l’industrie musicale française.
Créé en 2020, le Centre National de la Musique a pour mission de soutenir la filière musicale, via des études, des subventions et des actions de promotion. Fin 2023, le gouvernement a décidé d’étendre son financement par le biais d'une nouvelle contribution des plateformes de streaming musical. Spotify estime que cette taxe rapportera environ 15 millions d’euros par an, alors que le budget administratif du CNM s’élève à plus de 20 millions d’euros.
La plateforme suédoise exprime ses inquiétudes quant à l'efficacité de cette contribution :
« Nous craignons que moins de la moitié du budget global du CNM ne soit réellement consacrée à l’aide directe à la musique », déclare Spotify dans un communiqué.
La firme critique également un "double paiement", déjà soumise à des redevances substantielles au bénéfice des ayants droit. Avec cette nouvelle taxe, près de deux tiers de chaque euro généré par Spotify en France seraient désormais absorbés par des contributions extérieures.
Spotify revendique un engagement de longue date en faveur de la scène musicale française. En 2022, la plateforme a généré près de 225 millions d’euros pour la musique enregistrée en France, soit un quart du chiffre d’affaires de l’industrie nationale selon ses chiffres.
Face à la pression fiscale, Spotify a déjà commencé à réduire ses investissements marketing en France, notamment son soutien aux festivals ou la promotion des artistes locaux.
« Nous avons tout fait pour éviter d’en arriver là, malheureusement le gouvernement français en a décidé autrement », affirme la plateforme, qui dit ne plus être en mesure d’absorber ces coûts sans répercussion sur ses clients.
Alors que la France prône un modèle de financement public de la culture, cette mesure soulève une question de fond : le soutien institutionnel peut-il reposer sur les épaules d’acteurs privés étrangers, sans dialogue ou transparence sur la redistribution réelle aux artistes ?
Les semaines à venir diront si cette taxe fera école en Europe… ou si elle fera fuir certains services du marché français.
