À l’heure où la planète s’interroge sur son avenir et où la COP30 place de nouveau la protection des océans au cœur des débats mondiaux, la Polynésie française offre un exemple inspirant avec la redécouverte du rāhui, une pratique ancestrale qui allie respect de la nature et solidarité communautaire.
Le documentaire Rāhui, le lagon en partage réalisé par Mélissa Constantinovitch et Thomas Yzèbe, diffusé ce lundi 17 novembre à 00h10 (Horaire Métropole, ndlr) sur France 3 et les plateformes numériques de France Télévisions propose une immersion au cœur de cette tradition millénaire remise au goût du jour pour répondre à la crise écologique contemporaine.
Une sagesse ancienne au service du futur
Face à la raréfaction des poissons et à l’épuisement progressif du lagon, les Polynésiens renouent avec un savoir oublié : le rāhui, l’art d’interdire temporairement l’exploitation d’un espace marin afin de permettre à la nature de se régénérer. Abandonnée au XVIIIᵉ siècle à l’arrivée des colons, cette pratique culturelle et spirituelle a connu une résurgence ces vingt dernières années, portée par une prise de conscience collective de l’urgence environnementale.
Dans plusieurs îles, le rāhui redevient ainsi un pilier de la gestion durable des ressources naturelles. Mais sa mise en œuvre ne va pas sans débats : comment concilier traditions, impératifs économiques et protection du vivant ?
Bora Bora et Tautira : deux visages du rāhui
À Bora Bora, la présidente de l’association des pêcheurs, Heipoa, plaide pour l’instauration d’un rāhui dans le lagon, menacé par la surpêche et la pression touristique. Son combat, porté au nom des générations futures, se heurte toutefois à des résistances. Pour nombre de pêcheurs, restreindre l’accès aux zones de pêche, c’est mettre en péril leur subsistance immédiate.
À Tautira, le rāhui a déjà été instauré. Éric, son gardien, veille au respect des interdictions et à la préservation des équilibres. Là-bas, les effets bénéfiques sont visibles : la faune marine se reconstitue, les coraux reprennent vie. Mais la question demeure : quand et comment rouvrir ces zones sans compromettre les efforts accomplis ?
Une jeunesse en quête d’héritage et de sens
Le documentaire met également en lumière une jeunesse polynésienne engagée, consciente des enjeux écologiques et culturels. Téa, membre du comité rāhui de Bora Bora, intervient dans son lycée pour sensibiliser ses camarades. À travers son action, elle illustre la transmission d’un savoir ancestral et l’importance de redonner sens à l’identité culturelle polynésienne.
Le rāhui devient ainsi un terrain de dialogue entre générations, entre économie et écologie, entre coutume et modernité.
Le rāhui, modèle pour le monde ?
Plus qu’une simple mesure de restriction, le rāhui incarne une philosophie de vie : celle du partage, du respect et de la coexistence harmonieuse avec la nature. En Polynésie, chaque décision se construit dans la discussion, le compromis et le consensus. Cette approche communautaire fait du rāhui un modèle inspirant pour d’autres régions confrontées à la surexploitation de leurs ressources.
À travers des témoignages poignants et des images saisissantes du lagon, Rāhui, le lagon en partage nous invite à repenser notre rapport à l’océan et à redécouvrir la force d’une sagesse ancestrale capable d’éclairer notre avenir commun.
