L’Autorité de la concurrence a annoncé ce lundi avoir infligé une sanction de 7,6 millions d’euros au groupe Parfait, acteur majeur de la distribution alimentaire en Martinique, pour non-respect de plusieurs engagements pris lors de l’autorisation de rachat de l’hypermarché Géant Casino et du centre commercial La Batelière à Schœlcher.
Une décision sous conditions en 2022
En décembre 2022, l’Autorité avait autorisé cette opération à condition que le groupe Parfait cède l’hypermarché à un concurrent avant le 22 septembre 2023, tout en préservant la valeur des actifs et en coopérant avec un mandataire chargé de veiller au bon respect des engagements. Ces conditions visaient à éviter une situation de domination sur le marché de la grande distribution dans la plaine foyalaise (Fort-de-France, Schœlcher, Le Lamentin).
Or, selon l’Autorité, aucune cession n’est intervenue dans les délais fixés. Ce n’est que près de deux ans plus tard, le 9 septembre 2025, que le groupe Parfait a finalement conclu un accord avec le groupe Sainte Claire (enseigne Ecomax), pourtant agréé depuis 2023.
Des manquements multiples et répétés
Trois types de manquements graves ont été constatés :
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Non-respect de l’engagement de cession : malgré plusieurs tentatives de reprise, le groupe Parfait a échoué à conclure la vente dans les délais. L’Autorité estime que cette situation résulte « très largement de la responsabilité » du groupe, qui n’a pas communiqué les informations nécessaires aux repreneurs potentiels.
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Dégradation de la valeur des actifs : une visite sur site a révélé un forte détérioration du fonds de commerce et du centre commercial, contrairement à l’engagement de maintien de leur valeur.
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Manque de coopération avec le mandataire : le groupe Parfait a entravé le travail du mandataire, en ne lui fournissant ni les documents ni les moyens nécessaires à l’exercice de son mandat.
Une infraction à l’ordre public économique
Pour l’Autorité, ces manquements ont eu un impact direct sur la concurrence et ont limité le choix des consommateurs martiniquais. En retardant la réouverture de l’hypermarché La Batelière, le groupe Parfait a privé les habitants d’une offre alternative sur le marché local de la grande distribution.
« Une entreprise qui prend des engagements dans le cadre d’une autorisation de concentration a une obligation de résultat, non de moyens », rappelle l’Autorité, soulignant le caractère particulièrement grave de ces infractions.
Une première : trois sanctions dans une seule décision
C’est la première fois que l’Autorité prononce plusieurs sanctions distinctes dans une même décision pour différents manquements à des engagements :
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4,5 millions d’euros pour le non-respect de la cession,
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2,5 millions d’euros pour la dégradation de la valeur des actifs,
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600 000 euros pour le défaut de coopération avec le mandataire.
L’Autorité rappelle que de tels engagements sont essentiels à l’équilibre des décisions d’autorisation et que tout contournement ou retard « constitue une atteinte grave à l’ordre public économique ».
Un signal fort pour la concurrence en Outre-mer
Cette décision marque un tournant jurisprudentiel dans la manière dont l’Autorité entend faire respecter les engagements pris dans le cadre de concentrations économiques, notamment en Outre-mer, où les marchés de la distribution sont souvent concentrés entre quelques acteurs dominants.
En sanctionnant fermement le groupe Parfait, l’Autorité de la concurrence envoie un signal clair : les règles du jeu doivent être respectées intégralement pour garantir une concurrence saine et préserver le pouvoir d’achat des consommateurs ultramarins.
