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"La Dépêche de Tahiti" continue malgré son placement en liquidation judiciaire


Rédigé le Vendredi 16 Octobre 2020 à 13:57 |



Le quotidien emblématique de la Polynésie Française, La Dépêche de Tahiti a été placé en liquidation judiciaire, mais continue à paraître et a déposé un référé-suspension mercredi, ainsi qu'un recours devant la cour d'appel de Papeete.

Les magazines du groupe dont Fenua Orama, Tiki Mag et Maisons du Fenua sont aussi concernés par cette liquidation. Une décision par le tribunal de commerce, après la plainte d'un ancien salarié qui n'avait pas perçu la totalité de ses indemnités de départ à la retraite.

Dans un édito publié à la une, la rédaction a déploré “les velléités et l’acharnement d’un ancien salarié, aujourd’hui passé à la concurrence”. C’est lui qui a demandé la résolution du plan de continuation du quotidien, ce qui revient à demander sa liquidation. Le plaignant dit ne jamais avoir perçu son indemnité de départ à la retraite qui se chiffre à un peu plus de 5 millions de francs polynésiens (42 000 euros). 

La direction du groupe La Dépêche a annoncé qu'elle ferait appel, mais cet appel n'est pas suspensif. «On attend avec impatience que le parquet se joigne à notre appel, car son appel serait suspensif», a précisé à l'AFP Bertrand Prévost, rédacteur en chef du quotidien. Avec ses équipes, il continuait mercredi à préparer le 18.280e numéro à paraître jeudi, bien que les convocations à des entretiens préalables à licenciement puissent arriver le jour même. «C'est dur, parce que les ventes repartaient à la hausse, pour La Dépêche comme pour les magazines... Et puis l'épidémie a fait très mal, surtout aux annonceurs : beaucoup ont réduit le budget publicitaire», a déclaré M. Prévost.

Les employés du quotidien sont d'autant plus déçus que des solutions financières étaient, selon eux, sur le point d'aboutir. Le président de la Polynésie française, le président de l'Assemblée locale et le haut-commissaire ont assuré les salariés du quotidien de leur soutien.

Le Président Edouard Fritch l'a même présenté comme une «institution» locale. L'homme d'affaires Dominique Auroy avait racheté en 2014 les deux uniques quotidiens locaux de l'époque, Les Nouvelles et La Dépêche, sans parvenir à redresser les comptes de l'entreprise. Quelques mois plus tard, il avait fermé les Nouvelles, puis drastiquement réduit la masse salariale : 170 employés travaillaient pour le groupe avant le rachat, ils ne sont plus que 38 aujourd'hui. Mais «par effet domino, la liquidation va toucher une centaine de personnes, avec l'imprimeur, les pigistes ou la comptabilité et la régie pub qui sont externalisées», a précisé M. Prévost.​

Surtout, le journal était en redressement judiciaire depuis juin 2018 (pour près de 90 millions de francs polynésiens d’arriérés de cotisations sociales - 750.000 euros -), et son plan de continuation a été accepté en avril 2019, avec objectif d’un redressement sur dix ans. 

La disparition de La Dépêche soulève aussi la question de la pluralité de l'information dans cette collectivité d'outre-mer qui ne compte que deux sociétés produisant des journaux quotidiens. Le groupe concurrent, Fenua communication, a transmis à La Dépêche «un message de solidarité et de soutien». 

De son côté, le ministère des Outre-Mer suit aussi le dossier avec attention et se dit mobilisé.

Rappelons que la Dépêche de Tahiti, le journal institutionnelle de la Polynésie Française a été le 3 août 1964 par l’ancien journaliste de Paris-Normandie Philippe Mazellier, La Dépêche a ensuite appartenu au groupe Hersant entre 1988 et 2011, avant d’être vendu à trois investisseurs, puis, en 2014, à l’homme d’affaires local, Dominique Auroy.

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Ludovic Belzamine
Rédacteur en chef de Megazap.fr depuis 15 ans. En savoir plus sur cet auteur






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