L’Autorité de régulation des communications électroniques (Arcep) a publié son rapport annuel sur les services de communications électroniques dans les départements et collectivités d’Outre-mer pour l’année 2024. Ce document dresse un état des lieux précis du marché des télécoms ultramarins, révélant des tendances contrastées entre les réseaux fixes et mobiles, sur fond de transition numérique et de transformation des usages.
Recul global du marché pour la deuxième année consécutive
En 2024, le revenu global des opérateurs ultramarins s’est élevé à 1,093 milliard d’euros HT, soit une légère baisse de -0,5 % après un recul identique en 2023. La zone Antilles-Guyane concentre environ 60 % de ce total (642 millions d’euros), tandis que La Réunion-Mayotte représente 451 millions d’euros.
Le recul est tiré principalement par la baisse des revenus du mobile (609 M€ en 2024, -1,6 %), alors que les revenus des services fixes progressent légèrement (+0,9 % à 484 M€).
Le fixe porté par la fibre, malgré un ralentissement
Le nombre d’abonnements internet à haut et très haut débit a atteint 812 000 fin 2024 dans les Outre-mer, en hausse de 2 % sur un an. La fibre optique (FttH) confirme son implantation rapide : 545 000 abonnements, soit 67 % du total (+9 points), et 85 % des abonnements à très haut débit.
La Réunion se distingue nettement avec 89 % de ses abonnés internet connectés en fibre, contre 54 % dans la zone Antilles-Guyane. À Mayotte, le taux d’équipement reste faible, avec seulement 30 000 abonnements internet pour 350 000 habitants.
En parallèle, 60 % des abonnements internet sont couplés à une offre TV, témoignant de la préférence des consommateurs pour des offres multiplay.
Le mobile en perte de vitesse malgré la 5G à La Réunion
Le marché du mobile recule de nouveau. Le nombre de cartes SIM actives atteint 2,56 millions, en baisse de 1 %. Cette tendance s’explique par une forte chute des cartes prépayées (-20,7 %) et un ralentissement du segment post-payé (+3,4 %).
La 4G reste largement majoritaire avec 2 millions de cartes actives (77 %), mais reste en retrait par rapport à la métropole (89 %). La 5G, uniquement lancée à La Réunion depuis 2022, touche 185 000 clients actifs, soit 18 % des usagers de l’île, contre 30 % en métropole.
Consommations : explosion des données, chute des SMS et appels fixes
Les usages évoluent fortement :
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Données mobiles : +22 % en un an, pour atteindre 425 000 To consommés, avec un usage moyen de 14,1 Go/mois/carte SIM.
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Téléphonie mobile : stable à 7,3 milliards de minutes, représentant plus de 90 % du trafic vocal global.
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Téléphonie fixe : en chute libre, avec seulement 530 millions de minutes (-24,4 %), soit moins d’une heure de communication par mois et par abonnement.
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SMS : nouvelle baisse marquée (-14,8 %), à 1,66 milliard de messages, un effondrement amorcé depuis 2014.
Des factures toujours plus élevées qu’en métropole
Les ultramarins continuent de payer leurs abonnements fixes plus cher qu’en métropole. En 2024, la facture moyenne mensuelle pour l’internet fixe s’élève à 47,3 € HT, contre 36,9 € HT au niveau national. Toutefois, l’écart tend à se réduire grâce à la hausse des prix en métropole.
Défis et enjeux
Le rapport de l’Arcep met en lumière plusieurs enjeux clés :
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Accélérer le raccordement en fibre dans les zones encore peu couvertes (Mayotte, Guyane).
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Poursuivre le développement de la 5G dans les DROM-COM, au-delà de La Réunion.
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Réduire les inégalités tarifaires entre métropole et Outre-mer.
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Améliorer la qualité de service, notamment dans les zones rurales et isolées.
Conclusion
Si les départements et collectivités d’Outre-mer poursuivent leur transition numérique avec un fort dynamisme sur les réseaux fixes, le segment mobile traverse une période de stagnation. L’avenir du marché repose désormais sur la généralisation de la fibre, le déploiement de la 5G et une meilleure inclusion numérique dans l’ensemble des territoires ultramarins.














