La 6e édition du Festival International du Film Documentaire Amazonie-Caraïbes (FIFAC) s’est clôturée ce samedi 11 octobre à Saint-Laurent du Maroni, en Guyane, avec une cérémonie empreinte d’émotion et de fierté. Présidé cette année par le réalisateur Jean-Claude Barny, le jury a récompensé des œuvres fortes, profondément humaines et ancrées dans les réalités sociales, écologiques et identitaires de la grande région amazonienne et caribéenne.
Grand Prix FIFAC France Télévisions : Alma del desierto de Mónica Taboada Tapia (Colombie, Brésil)
Véritable ode à la résilience, Alma del desierto s’est imposé comme la grande révélation de cette édition. La réalisatrice colombienne Mónica Taboada Tapia y suit Georgina, une femme transgenre wayúu confrontée à la fin de sa vie dans les terres arides de La Guajira. Porté par une mise en scène poétique et une intensité rare, le film met en lumière la quête de justice et d’identité d’un peuple marginalisé, dans un récit où s’entrelacent douleur, dignité et espoir.
Mention spéciale du jury : Al Oeste, En Zapata de David Bim (Cuba)
Le jury a tenu à saluer la sensibilité et la puissance narrative de David Bim, qui dépeint avec réalisme la survie d’une famille dans les marais de Zapata, à Cuba. Entre crise économique et pandémie mondiale, le film explore les liens familiaux mis à l’épreuve par la précarité, tout en capturant la beauté fragile d’un territoire menacé.
Prix Demain du Pôle Outre-Mer de France Télévisions : De la guerre froide à la guerre verte de Anna Recalde Miranda (France, Italie, Paraguay)
Cette œuvre dense et percutante d’Anna Recalde Miranda met en perspective l’histoire politique du Paraguay à travers le prisme de l’agro-industrie. Le film dresse un parallèle saisissant entre les cicatrices de l’opération Condor et les violences actuelles infligées aux défenseurs de la terre. Une réflexion puissante sur les enjeux environnementaux et sociaux de notre temps.
Prix du meilleur court-métrage : Sukande Kasáká de Kamikia Kisedje et Fred Rahal (Brésil)
Sukande Kasáká_ dénonce les ravages silencieux de la pollution agricole sur les peuples autochtones du Brésil. Les réalisateurs Kamikia Kisedje et Fred Rahal signent un cri d’alarme vibrant sur la contamination des terres Khĩsêdjê par les pesticides. En 30 minutes d’une intensité rare, le film conjugue urgence écologique et résistance culturelle.
Prix du jury lycéen : Monikondee de Lonnie van Brummelen, Siebren de Haan et Tolin Erwin Alexander (Suriname, Guyane, Pays-Bas)
Porté par un regard contemplatif, Monikondee embarque le spectateur sur le fleuve Maroni, à la rencontre des communautés qui y vivent. Le film interroge la transmission des savoirs et la préservation des traditions face aux menaces de l’exploitation aurifère et du changement climatique. Un voyage poétique et engagé qui a particulièrement touché le jeune public.
Prix du public : Je sais que tu peux ! d’Olivier Arnal (Guyane, France)
Tourné à Saint-Laurent du Maroni, ce documentaire d’Olivier Arnal a conquis les spectateurs. Il retrace le parcours inspirant de Samuel Fania, danseur et fondateur de la Compagnie Jeunes Sans Limites, qui utilise le breakdance comme outil d’insertion et de transformation sociale. À travers des témoignages bouleversants, le film met en lumière la force du collectif et le pouvoir émancipateur de l’art.
Une édition placée sous le signe de l’engagement
Cette édition 2025 du FIFAC confirme une fois de plus la vocation du festival : être le porte-voix des peuples, des territoires et des luttes de l’Amazonie et des Caraïbes. Les films primés, par leur diversité et leur sincérité, témoignent d’un cinéma documentaire vibrant, essentiel et profondément connecté aux réalités du monde.
Souvent tournés loin des grands circuits de production, ces documentaires portent un regard authentique sur les enjeux écologiques, identitaires et humains contemporains. Le FIFAC 2025 en ressort grandi, fidèle à son ambition : faire dialoguer les cultures et faire entendre les voix du Sud.
